Décidément, entre Olivier Mak-Bouchard et l'Angle Rouge c'est une affaire qui roule ! Après mes coups de cœur pour ses deux précédents livres, "Le Dit du Mistral" et "Le Temps des grêlons", j'ai arpenté avec bonheur "La Ballade du feu", toujours par Le Tripode

J'y ai retrouvé avec un grand plaisir cette atmosphère ocre et chaude qui m'avait tant plu dans Le Dit du Mistral.
La Ballade du feu est un livre sur les erreurs. "Les erreurs d’orientation professionnelle, les erreurs de géolocalisation". Et un livre sur les secondes chances, celles que l'on hésite à saisir sans savoir ce qu'elles sont, ou parce qu'on doute, ou bien que l'on ne sait pas écouter les chats.

Et c'est à nouveau, pleinement, une ode au Lubéron.
Même s'il vit à San Francisco, l'écriture et l'univers d’Olivier Mak-Bouchard sont intrinsèquement liés à cette terre, à ses histoires, à son héritage culturel et littéraire. Un vrai bonheur de lecture, par un auteur dont les talents de conteur ne sont plus à prouver.

Enfin, un livre qui fait vraiment du bien, et par les temps qui courent, c'est fort précieux ! Et encore une fois, quelle magnifique couverture de Phileas Dog !

Chez les Christiansen, et ce depuis 7 générations, on a choisi de faire de la mort son métier. Étonnante famille, où l'on est croque-mort de père en fils, où les garçons se nomment Christian et les filles Liliane, et où chacun.e a son petit rapport bien privilégié aux morts.
Nicolas, lui, ( vous remarquerez l'anomalie de prénom), est animé de désirs, disons, particuliers. Et alors qu'il s'apprête à partir en voyage avec ses deux enfants (Christian et Liliane, il va de soi), il nous raconte sa généalogie, qui commence au XIXe siècle avec Christian I, sur une île perdue au milieu du Pacifique...

J'avais découvert l'autrice danoise Maren Uthaug, avec son précédent roman, Là où sont les oiseaux (Gallmeister, 2021), où un phare au large de la Norvège servait de cadre à un huis-clos familial et électrique, porté par un récit choral de trois voix qui installaient habilement un bien malaisant mystère.
Ici, elle revisite avec talent la saga familiale nordique, en déconstruisant notre rapport à la mort, au tabou, au macabre. Chacun de ses personnages est distinct, consistant, et son histoire propre est une pièce essentielle de la grande machine qu'elle met en place.
C'est une comédie noire épatante, rythmée et passionnante, qui grince, qui titille, et qui fourmille de détails historiques sur l'évolution du traitement réservé aux morts.

Entre Six Feet Under et la dynastie des Pibrac de Michel Folco, Maren Uthaug nous offre un vrai régal de lecture, cru et savoureux. Un peu comme une tranche de saumon sur du pain de seigle.

Huis-clos familial et électrique, fascinant et addictif, porté par un récit choral de trois voix qui installent habilement un bien malaisant mystère.
Là où sont les oiseaux, les vagues s'entrechoquent, dans les ombres du phare les silences se font pesants, et la folie rôde.
Un excellent premier roman !

"Rodez-Mexico" est un premier roman picaresque, chatoyant, drôle et malin. Le roman d'un éveil, burlesque et halluciné, et d'une révolte contre l'uniformisation des modes de vie et de l'ultra-libéralisme, au nom d'une vie plus juste, et moins désenchantée.

L'adjectif "culte", est de plus en plus d'usage actuellement, galvaudé, surexploité, servi à toutes les sauces. Réalité objective ou argument commercial ? Difficile de s'y fier entièrement en tout cas.
Pourtant, c'est ce qui m'a donné envie de me plonger dans 20th Century Boys, de Naoki Urasawa. Cela, et puis les recommandations de clients, lecteurs amis, la caution "Fauve de la meilleure série au Festival d'Angoulême en 2004"... Eh bien oui, ma foi, c'est une vraie merveille !

L'action du manga se situe à deux principales époques différentes :
-1969 : Un groupe d'enfants, regroupé autour de Kenji Endô, se retrouve régulièrement dans leur "base secrète", lieu de jeu, d'évasion par l'imagination, d'émancipation, de maturation. Là, ils inventent une histoire de science-fiction, inspirée par leurs propres lectures de mangas, leurs découvertes musicales venues de la lointaine Amérique, les faits marquants de l'actualité. Ce "Cahier de prédictions" évoque l'angoisse de l'an 2000, une attaque de la Terre par des extra-terrestres, un gigantesque robot tueur, une organisation maléfique, un mystérieux virus menaçant l'humanité... autant de dangers auxquels ils prévoient de s'opposer pour devenir les sauveurs de l'Humanité.
-1999 : À l'aube de l'an 2000, pour les jeunes, ce n'est plus le même deal. Les années ont passé, les rêves se sont fanés, les chemins se sont séparés, la "base secrète" a disparu depuis longtemps... Or, une inquiétante secte apocalyptique dirigée par le mystérieux "Ami" gagne de plus en plus en popularité, crédibilité et puissance, à mesure qu'"Ami" réalise une à une les prédictions imaginées par Kenji et ses anciens amis... Qui est "Ami" ? Lequel d'entre eux ? Quelle est exactement la mesure de ses sombres desseins ? Kenji et le groupe reconstitué tant bien que mal arriveront-ils à éviter la fin du monde, qu'ils avaient prévue le 31 décembre 1999?

20th Century Boys est un seinen d'une richesse folle, tant au niveau graphique que dans l'écriture, l'inventivité, les clins d’œil et références (à la culture rock des années 70 - "20th Century Boy", de T-Rex, par exemple - à l'héritage des mangas, aux faits marquants de l'actualité au Japon, et dans le monde - conquête de l'espace, apparition du bowling au Japon, Exposition Universelle d'Osaka en 1970...). Le rythme est fou, c'est un manga qui se dévore comme une série, tant la construction alternant flashbacks et flashforwards est éminemment cinématographique.
Abordant des thèmes aussi variés que le passage à l'adolescence, la menace des sectes ( on pense aux attentats de la secte Aum en 1995 ), la propagande et la manipulation, l'amitié, la résilience ( autre mot à la mode ), 20th Century Boys fait partie de ces œuvres graphiques incontournables, à découvrir absolument, croyez-moi !

B.