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Événements culturels et expositions temporaires

Brice F.

Conseillé par (Libraire)
20 novembre 2024

"Là où commence notre histoire
Dans chaque rue, à chaque carrefour
Des voix s'élèvent comme des vagues dans un océan infini
Des poings s'agitent en l'air
De la montagne à la mer"

Vladimir Vega


Il y un an, nous recevions Désirée
et Alain Frappier un soir d'octobre à la librairie, pour un riche échange autour de leur travail sur la révolution chilienne et les années de l'Unité Populaire de Salvador Allende, 50 ans après le coup d'état militaire qui installa la dictature d'Augusto Pinochet au pouvoir.

Après "Là où se termine la terre" (2017) et "Le Temps des humbles" (2020), voici "Et que se taisent les vagues", dernier tome de leur trilogie, qui vient de sortir à la fin de ce mois d'octobre, toujours aux éditions Steinkis.
Avec ce troisième opus, Alain et Désirée Frappier poursuivent et concluent leur remarquable travail d'exploration de la mémoire de ce pan de l'histoire chilienne, en partant d'entretiens et témoignages de témoins directs des événements, exilés en France, ou en Belgique, ou revenus vivre au Chili à la fin de la dictature.

Si "Là où se termine la terre" s'attachait au récit d'une enfance chilienne jusqu'en 1970, et "Le Temps des humbles" aux 1000 jours de l'Unité Populaire de la présidence de Salvador Allende, dans "Et que se taisent les vagues", on assiste à la préparation du coup d'état militaire du point de vue de ceux qui étaient aux premières loges, à savoir des jeunes marins de l'armée chilienne. Conscientisés par des rapports de classes qui se manifestent quotidiennement par la violence de la hiérarchie, les brimades et les positions conservatrices des officiers militaires, ces jeunes gens organisent leur résistance et leur soutien au gouvernement Allende, alors que les éléments du complot se mettent peu en place, que la démocratie vacille et que la dictature s'annonce, supportée et dirigée par les États-Unis.

En mettant en lumière une lutte sociale héroïque méconnue, à la fois récit et travail journalistique extrêmement documenté, densifié par le travail graphique d'Alain Frappier - qui met les visages, les corps, l'humain, au centre de l'ouvrage -, ce dernier opus clôt un travail magistral, qui fait de cette trilogie chilienne une œuvre de référence sur le sujet.

B.

Conseillé par (Libraire)
7 septembre 2024

En 44 chapitres, Dalya Daoud raconte quinze années de la vie d'un lotissement ouvrier voisin d'une usine de textile de la région lyonnaise, en marge d'un Village bien dans son jus, socialement articulé autour de l'église, des bars, du terrain de foot, et d'une ferme où vit un lama, Pedro. Et même qu'un jour, Jean-Jacques Goldman est venu y jouer !
Quinze années comme cent ans de solitude, de 1983 à 1998, dans l'intimité des dix familles qui vivent dans ce lotissement, principalement issues du Maghreb, la vie de la cité en milieu rural. Les enfants jouent, courent, grandissent, transgressent, prennent leurs envols, au gré des scènes de vie narrées avec humour et malice, dans un harmonieux, mais parfois discordant, mélange de langues, de youyous et de recettes multicolores.
Pour son premier roman, la journaliste Dalya Daoud dénoue avec joie, verve et vérité le fil de quinze années, comme un récit d'intégration, de construction d'une identité, un récit d'enfance et d'adolescence: raconter ce que c'est que grandir dans une cité à la campagne, rêver de la ville, et accepter aussi les espoirs déçus.

Conseillé par (Libraire)
7 septembre 2024

1986, Thetford Mines, ville majeure de l'extraction d'amiante québécoise. À proximité de la gigantesque mine à ciel ouvert autour de laquelle gravite la quasi totalité des emplois, Sébastien Dulude raconte, dans une langue sublime, irradiée de poésie, l'amitié entre le jeune narrateur, Steve Dubois et son ami Charlélie, dit le petit Poulin. 10 ans tous les deux, des rêves pleins la tête pour échapper à l'ennui de la ville grise, granitique, qui cristallise la violence sourde de l'industrie, l'absence d'amour du père, répétant sur son garçon la violence que lui inflige la mine. Échapper à tout cela, c'est profiter de l'été, construire des cabanes, s'échanger les Tintin, les trouvailles merveilleuses, collectionner les souvenirs, dévaler les pentes en BMX.
Alors que les nouvelles du monde sont tristes et effrayantes ( 1986, c'est Tchernobyl, l'explosion de Challenger en direct à la TV...), Steve et Charlélie cultivent l'innocence, et leur bulle fusionnelle. Jusqu'au jour où...
Amiante est un joyau de premier roman, un éblouissant récit sur la pureté de l'enfance et de l'amitié, que je vous invite ardemment à découvrir tant il est pour moi un merveilleux coup de cœur.

Conseillé par (Libraire)
7 septembre 2024

On commence par une claque, celle qui vous laisse la joue bien rouge, à vif.
Ça se passe quelque part, dans un endroit un peu banal, plat, disons à tout hasard, tout égard: en Belgique. Le jour du solstice d'été, aussi connu comme le jour le plus long. Deux jeunes mecs, 18 ans tout juste, qui zonent sur un parking d'un hyper. Ils rigolent, ils fument des joints, ils boivent des bières, ils s'ennuient. Même jour, même heure, un médecin, on devine la cinquantaine blasée, le divorce récent, la vie de famille éclatée, la réussite inutile, la solitude mâtée à coup de Single Malt.
Célestin de Meeûs enchaîne les courts paragraphes avec virtuosité, rythme, et une maîtrise certaine de l'étirement des phrases comme du temps. Au fur et à mesure que la journée se déroule, comme un interminable plan séquence, alternent les errances de Théo et Max, et les ruminations du docteur Rombouts. Et au fil de ces alternances, alors que le solstice s'étire, de plus en plus en longueur, se profile de façon inéluctable le moment de l'impact entre les deux trajectoires.
Mythologie du .12 ou l'anatomie d'un vertige.

João CABRAL DE MELO NETO

Chandeigne

18,00
Conseillé par (Libraire)
7 septembre 2024

En adoptant la forme d'un auto de Noël, courte représentation scénique traditionnelle de la naissance de Jésus, João Cabral de Neto raconte la longue migration de Sévérino, travailleur du Nordeste fuyant la misère et la désolation, traversant le sertão à la recherche d'une vie meilleure. Livre majeur de la littérature brésilienne, écrit en 1955, Mort et vie sévérine est un texte poétique sublime, enrichi par cette (première) édition bilingue qui place en regard de la traduction française les vers en portugais du Brésil, donnant à entendre une musicalité remplie de mélancolie. Certains de ces vers célébres furent d'ailleurs mis en musique par Chico Buarque.