Un chef d'oeuvre.
" Chaque fois que, dans un monastère de Kyôto ou de Nara, l’on me montre le chemin des lieux d’aisance construits à la manière de jadis, semi-obscurs et pourtant d’une propreté méticuleuse, je ressens intensément la qualité rare de l’architecture japonaise. Un pavillon de thé est un endroit plaisant, je le veux bien, mais des lieux d’aisance de style japonais, voilà qui est conçu véritablement pour la paix de l’esprit. Toujours à l’écart du bâtiment principal, ils sont disposés à l’abri d’un bosquet d’où vous parvient une odeur de vert feuillage et de mousse ; après avoir, pour s’y rendre, suivi une galerie couverte, accroupi dans la pénombre, baigné dans la lumière douce des shôji et plongé dans ses rêveries, l’on éprouve, à contempler le spectacle du jardin qui s’étend sous la fenêtre, une émotion qu’il est impossible de décrire. Au nombre des agréments de l’existence, le Maître Sôseki comptait, paraît-il, le fait d’aller chaque matin se soulager, tout en précisant que c’était une satisfaction d’ordre essentiellement physiologique ; or, il n’est, pour apprécier pleinement cet agrément, d’endroit plus adéquat que des lieux d’aisance de style japonais d’où l’on peut, à l’abri de murs tout simples, à la surface nette, contempler l’azur du ciel et le vert du feuillage. "
La Guerre des jours lointains
roman
De Akira Yoshimura
Traduit par Rose-Marie Makino-Fayolle
Actes Sud
L'haletante fuite en avant d'un homme poursuivi par la responsabilité de ses actes. Témoignage glaçant de l'immédiat après-guerre au Japon, Yoshimura relate avec froideur et précision chirurgicale les affres de la guerre, ainsi que la pesante et difficile reconstruction d'un pays tout autant meurtri et ravagé que les âmes qui le peuplent.
Saisissant.
Une ode somptueuse au football brésilien, autant qu'une réflexion sur les fondements sociologiques du peuple carioca.
Régal !
S'emparant d'un sujet qu'il n'avait jamais investi jusqu'alors, la peinture, Haruki Murakami prouve qu'il reste maître dans l'art de créer des univers à la frontière entre onirisme et étrange réalité.
Il poursuit son travail de cartographie des êtres et de la complexité des âmes en proie aux aléas de la vie et des relations humaines.
On accompagne le personnage principal, portraitiste ermite, dans une immersion totale au sein d'un enchevêtrement de couleurs, airs d'opéra et sortis nocturnes.
Très certainement poussée par des motivations profondément ancrées au fond de lui même, sa quête se fera aventure introspective.
Deux ans maintenant depuis la dissolution d'ETA, voici le roman que le Pays Basque attendait pour entamer le douloureux sujet de la réconciliation.
Récit de deux familles déchirées par un conflit qui a duré près de quarante années, la plume d'Aramburu, entre oralité et flux de conscience, aborde avec tranchant la question de la reconstruction des liens brisés, en même temps que le sort des prisonniers politique reste plus que jamais d'actualité.
Ce roman, salué par la critique à sa sortie, est en cours d'adaptation série par Canal +.