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Le Démon de la colline aux loups

Dimitri Rouchon-Borie

Le Tripode

  • Conseillé par (Libraire)
    13 juillet 2023

    Inspirer. En grand. Il va vous en falloir.
    "Au bout d'un moment j'ai craqué et j'ai pleuré et pleuré encore je n'arrêtais plus de pleurer les infirmières me prenaient dans leurs bras et une a pleuré aussi et je me disais c'est étonnant qu'il y ait tant de femmes gentilles et que pas une n'a pu être ma mère."
    Dévorer, en apnée, les 237 pages. N'inspirer de nouveau qu'une fois refermé. Un bon coup et pour de bon.
    Étrange sentiment que celui qui monte à la lecture de cette redoutable confidence. Le barrage avait tous les signes du désastre et le voici qui craque, et Duke narre sa vie comme l'on arrache les points de suture d'une vilaine plaie pour que le pus s'écoule.
    Il le fait sans s'arrêter, sans auto-compassion, sans jugement, et quasi sans ponctuation.
    Par ce qu'il a d'inéluctable et de violent, ce récit m'évoque Blast, de Manu Larcenet. Il en a également le sens des silences et l'art poétique de la suspension.
    On dit chez les chamanes qu'il est possible de perdre des bouts de son âme sous les coups du sort: notre narrateur a pris des uppercuts toute sa vie, et il tente dans un ultime élan de tisser les derniers lambeaux de lui-même pour faire Corps, et dire "le Démon", afin de le tuer.
    L'Enfer est vide, et tous les diables sont ici.


  • Conseillé par (Libraire)
    10 juillet 2023

    "La mer accomplissait chaque seconde mon rêve de rébellion de puissance de force et de liberté. Je crois que j'aurais pu tout laver dans cette eau là comme sous la pluie des forêts et m'y noyer et je me disais finalement que c'était la seule chose qui aurait pu faire disparaître la Colline aux Loups."

    Comment parler de ce roman-là, de cette foudre-là, de cette incandescence-là, le plus justement possible ?
    Décrire le tsunami qu'est ce roman-là ?
    Dire la langue, cette langue torrent qui dans un élan inarrêtable raconte un être enfermé en prison qui déroule le fil de sa vie.
    Enfance violée, innocence souillée, vie(s) détruite(s). Et puis ce Démon dont on parle, qui est-il vraiment ? Qui ici, est la Bête ?

    Il y a quelque chose qui rappelle très fort le Blast de Manu Larcenet, dans cette fulgurance du récit, cette violence dans l'éveil d'une conscience, à laquelle on assiste par les mots, magie de l'écriture.
    C'est un premier roman exceptionnel que nous offre Dimitri Rouchon-Borie, un roman qui nous retourne entièrement, et pour longtemps.

    B.


  • Conseillé par (Libraire)
    11 juillet 2023

    Saisissant

    L'écriture est presque frénétique, heurtée et crue, celle du narrateur Duke, qui écrit de la prison dans laquelle il est incarcéré et dont il ne sortira plus. Il raconte l'irracontable. Son enfance foudroyée par la violence d'un père et d'une mère. Deux êtres ignobles et veules dont on devine leur trogne rongée par l'alcoolisme, usant leur temps à se molester et à invectiver leurs enfants. Jusqu'au jour où l'horrible se produit et voilà le jeune Duke victime de ses bourreaux. La ligne a été franchie, la justice se saisit de l'affaire. Les parents seront condamnés, les enfants définitivement exclus du giron familial et placés séparément en famille d'accueil. Le narrateur sera bien accueilli par un couple dévoué. Malgré cela, il sait que le mal est là, tapi en lui et qu'il ne pourra jamais s'en défaire, même s'il œuvre en secret pour ne pas sombrer.
    Duke raconte son histoire dans une langue particulière, comme un langage parlé, faisant fi de la syntaxe la plus élémentaire. Comme pour garder une certaine innocence de l'enfance... tout en étant d'une grande lucidité sur ce qu'il adviendra. Ce texte écrit à la manière d'un journal se lit d'une traite, le souffle coupé et dont on ressort étrillé.