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Conseils de lecture

ROY-BOUCHER, Rosalie

Bouclard

16,00
Conseillé par (Libraire)
13 juillet 2023

« Une semaine que je marche c’est pas mal beau c’est pas mal fou une semaine que je me draine les ampoules en faisant des grimaces la meilleure méthode c’est d’y faire passer un fil à coudre si quelqu’un m’avait dit un jour que je ferais de la couture dans ma peau je l’aurais pas cru. C’est pas mal beau c’est pas mal fou et je comprends pas pourquoi je suis là j’avance en catchant pas j’avance avec mon sac comme les autres on avance avec nos sacs pour voir si l’herbe est plus verte plus loin. Les autres me parlent je fais la bonne Québécoise sociable le cœur n’y est pas mon cœur est resté à Montréal dans les mains de Fabrice Picard qui le triture et lui rentre des aiguilles de bord en bord pour le drainer mon cœur est resté dans leurs mains à Laure et à lui et ils le pressent entre leurs poitrines lorsqu’ils s’enlacent et lorsqu’ils se font l’amour et ils font l’amour encore plus qu’avant parce que c’est légal maintenant. Une semaine que je marche et que le décor se meut et se transforme et que les oiseaux cui-cuitent et que je suis loin bien loin du mal montréalais et je marche et je suis les autres et ça ne change rien.
Je m’arrête, je me recouds et je continue. »

Marchulminer = marcher + fulminer. Rire. Se réparer en marchant. Maudire. Écrire à l’encre-vitriol. Marcher. Jubiler. Aller au devant de. Ne pas se satisfaire. Jerky/ plotte/ rough/ crisses/ t’a pognes-tu? Dégommer au lance-flammes sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle mesquineries et travers. Ceux qui le méritent. Et ceux qui un peu moins. Se laisser voir. Fondre. Larmes en flaque. Hurler la vie. Dans une même journée la légèreté du cœur et l’estomac cimenté. Marcher plus loin. En revenir. Plus grande. Plus ample.

E.


15,90
Conseillé par (Libraire)
13 juillet 2023

Un conte graphique noir et blanc, pour petits et grands!

Photo de profil de librairiedelanglerouge
Un conte graphique noir et blanc, pour petits et grands!

Dans un village du bout de la route, cerné de montagnes, quelques maisons. Personne n’y vient, ou presque. Parfois un colporteur aveugle, parfois des promeneurs qui, vite effrayés par la troupe des enfants du bourg, détalent.
Un matin, l’un des mouflets s’éveille au bruit assourdissant d’une caravane de roulottes tirées par des yacks. Il s’appelle Otto, et il n’est pas aimé du reste des enfants. Le Cirque est celui d’Érêves et il s’installe sur la place centrale.
La population, au grand complet, s’y rend. Au cœur du chapiteau, le clou du spectacle: dans une cage recouverte d’un tissu sommeille, tapi, le Monstre. « Il est là, celui que le monde entier nous envie. Celui que tout le monde craint. Le seul et l’unique… » Le Monstre, cet obscur objet du désir ou de la spéculation, va être dévoilé au public, mais… est-il toujours bien celui que l’on imagine?

Dans cette fable noire au dessin sublime, le stylo-bille de Nicolas Zouliamis évoque le trait d’Emil Ferris ou Thomas Ott. Hachures, coulées, ombres et scintillements nous offrent, comme révélé à la lampe tempête, un monde à la fois doux et cruel dans lequel triomphe, un temps, l’acceptation de l’autre et de la différence.

« Otto m’a regardé de ses yeux ronds. Il s’est mis à chanter et j’ai chanté avec lui. Une chanson qui disait que les monstres nous ressemblent parfois. Et que les cages sont faites pour être brisées. »

Dès 8 ans et pour longtemps
E.


Eva Kavian

Contre-Allée

18,00
Conseillé par (Libraire)
13 juillet 2023

Avec Eva Kavian, on chemine aux côtés de parents qui, avec l’abnégation et la douleur d’un Sisyphe, parcourent le petit chemin qui les conduit du bus à l’entrée de l’hôpital psychiatrique pour y visiter leur enfant qui a souhaité mourir.
Elle dit cette mer(e) qui déferle indéfectiblement pour chercher les vêtements tachés d’urine ou de sang, puis la vague retour, après l’institution, lourde, si lourde. Avec une écriture d’une justesse et d’une poésie remarquables, elle met des mots sur l’indicible, et dessine une carte des relations extrêmement sensible. De chaque côté du sas, ni martyrs, ni saints, et surtout aucun coupable, mais bien un.e jeune adulte qui s’est brouillé.e avec la vie et un.e parent.e qui cherche la réponse adéquate, parce que rien n’est écrit dans le guide fourni à la naissance.
C’est un récit terriblement poignant, et la boule (de rage, d’empathie, d’amour) vous reste longtemps logée dans la gorge.

E.


10,00
Conseillé par (Libraire)
13 juillet 2023

Inspirer. En grand. Il va vous en falloir.
"Au bout d'un moment j'ai craqué et j'ai pleuré et pleuré encore je n'arrêtais plus de pleurer les infirmières me prenaient dans leurs bras et une a pleuré aussi et je me disais c'est étonnant qu'il y ait tant de femmes gentilles et que pas une n'a pu être ma mère."
Dévorer, en apnée, les 237 pages. N'inspirer de nouveau qu'une fois refermé. Un bon coup et pour de bon.
Étrange sentiment que celui qui monte à la lecture de cette redoutable confidence. Le barrage avait tous les signes du désastre et le voici qui craque, et Duke narre sa vie comme l'on arrache les points de suture d'une vilaine plaie pour que le pus s'écoule.
Il le fait sans s'arrêter, sans auto-compassion, sans jugement, et quasi sans ponctuation.
Par ce qu'il a d'inéluctable et de violent, ce récit m'évoque Blast, de Manu Larcenet. Il en a également le sens des silences et l'art poétique de la suspension.
On dit chez les chamanes qu'il est possible de perdre des bouts de son âme sous les coups du sort: notre narrateur a pris des uppercuts toute sa vie, et il tente dans un ultime élan de tisser les derniers lambeaux de lui-même pour faire Corps, et dire "le Démon", afin de le tuer.
L'Enfer est vide, et tous les diables sont ici.


12,40
Conseillé par (Libraire)
13 juillet 2023

Un vent de Grand-Ouest américain!

Du Missouri en Oregon, plusieurs familles et quelques électrons libres forment une caravane en exil: emportant leurs biens les plus précieux, ils charrient avec eux des rêves de Terre promise, sans barrière ni dessin, qu’il faudra disputer aux Indiens et aux animaux sauvages.
C’est un grand corps qui se déploie et serpente: saisi de violence, pétri de contradictions, perclus de fatigue, chacun de ses membres tente de faire Société.

Ernest Haycox, auteur chéri d’Hemingway, installe avec brio le lecteur au coin de leurs feux, à hauteur d’encolure de cheval, ou sur un fragile radeau de rondins, et ne cesse de titiller ses personnages là où ça gratte: entre la vadrouille et le groupe, l’individu et la morale.

Notons, ce qui ne gâche rien, un véritable respect pour la culture et la complexité de ces êtres (notamment pour les Indiens, démarche plus rare à l’époque) et une peinture redoutable de la condition féminine.

Publié en 1952, à titre posthume, Les Pionniers est enfin un grand récit de Nature brute, épaisse, presque asphyxiante.

Du grand WESTERN!

E.