Conseils de lecture
Érudite, passionnante, impressionnante !
A quatre mains, le duo lorientais dépoussière la Révolution française et nous jette dans le chaos de l'Histoire en marche. On applaudit !
Érudite, passionnante, impressionnante !
A quatre mains, le duo lorientais dépoussière la Révolution française et nous jette dans le chaos de l'Histoire en marche.
On applaudit !
"Pourquoi donc a-t-on tant besoin de posséder la beauté ? Et si on la laissait vivre en paix dans l'espoir de la recroiser un jour ?"
De Thoreau à Tesson, les récits de robinsonnades au masculin ne manquent pas.
Ici, l'encabanée est une femme. L'autrice québécoise Gabrielle Filteau-Chiba, partie à 25 ans vivre dans les bois, renouvelle subtilement les codes de l'aventure en forêt.
Ça commence dans la cacophonie assourdissante d'un chenil. Raphaëlle, garde-forestière d'une quarantaine d'années, vient y adopter une boule de poils, mi-chienne, mi-coyote. Ce sera Coyote. Femme et chiot s'apprivoisent dans la cabane nichée sous les érables, en pleine forêt du Kamouraska.
Quand, quelques mois plus tard, sa chienne disparaît, Raphaëlle s'engage dans une enquête tortueuse, à la lisière des bois.
D'une langue sûre et belle, l'autrice campe une héroïne crédible et inspirante. Mais elle fait plus : en un petit roman, elle condense avec simplicité tous les essais de nos rayons anthropo, histoire, féminismes, écologie.
Baskets, punchlines et chemins de traverse
Un livre pour les adeptes de randos tout autant que pour les curieuses et curieux de la justice des mineur.e.s.
Rozenn Le Berre articule le quotidien d'un foyer de la PJJ dans le Nord, qui accueille des ados fâché.e.s avec la loi, et l'échappée en montagne de quelques jeunes et éducateurs.
Tantôt tendre, tantôt tendu, son style est aussi vif que pédago.
Passionnant !
Dans la famille des premiers romans, je demande Tumeur ou tutu. Ce texte époustoufle dès le titre - à mâcher à voix haute, sur votre divan.
C'est d'abord un texte à hauteur de gamine, trouée de l'intérieur, habitée par une monstre, et qui n'en peut plus d'angoisse. Du monde, elle capte l'hostile étrangeté, et la menace d'une mère versatile qui n'arrive pas à aimer. Elle attrape des phrases à la volée, comme on se prend des baffes, et se bricole un rempart de mots à elle - la praison, la table en chaînes, l'intimmensité. Surtout, elle cherche de toutes ses forces le mot qui désignerait son mal tenace.
La narratrice grandit, cahin-caha, et tente de s'inventer hors de la praison. Mais comment relationner, et a fortiori comment inviter l'amour, quand on est assailli.e de l'intérieur depuis l'enfance ?
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C'est un tour de force, de condenser autant de grave et de cocasse en aussi peu de mots. Lena Ghar impose son style. Et l'on reprend volontiers les mots de son éditeur : "tu lis et ça tue".