L'engravement

Avec Eva Kavian, on chemine aux côtés de parents qui, avec l’abnégation et la douleur d’un Sisyphe, parcourent le petit chemin qui les conduit du bus à l’entrée de l’hôpital psychiatrique pour y visiter leur enfant qui a souhaité mourir.
Elle dit cette mer(e) qui déferle indéfectiblement pour chercher les vêtements tachés d’urine ou de sang, puis la vague retour, après l’institution, lourde, si lourde. Avec une écriture d’une justesse et d’une poésie remarquables, elle met des mots sur l’indicible, et dessine une carte des relations extrêmement sensible. De chaque côté du sas, ni martyrs, ni saints, et surtout aucun coupable, mais bien un.e jeune adulte qui s’est brouillé.e avec la vie et un.e parent.e qui cherche la réponse adéquate, parce que rien n’est écrit dans le guide fourni à la naissance.
C’est un récit terriblement poignant, et la boule (de rage, d’empathie, d’amour) vous reste longtemps logée dans la gorge.

E.

L'engravement fait le récit d'une transhumance hebdomadaire, celle des parents qui rendent visite à leur enfant en hôpital psychiatrique. Leur enfant qui va mal, si mal. Aucun pathos, pas d'apitoiement dans l'écriture d'Eva Kavian mais des phrases brèves et juste qui disent l'essentiel de la souffrance et du désarroi de chacun. Un récit terrible et sublime à la fois qui continue de résonner longtemps après sa lecture.