- EAN13
- 9782845788107
- ISBN
- 978-2-84578-810-7
- Éditeur
- Manucius
- Date de publication
- 22/03/2024
- Nombre de pages
- 98
- Dimensions
- 19 x 15 x 0,8 cm
- Poids
- 134 g
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Offres
-
20.00
C’est un bruit de verre qui a interrompu mon sommeil. Non pas du verre qu’on brise. Un bruit plus incertain que cela, et plus inquiétant. Comme si on le perçait. On le trouait. Ou peut-être encore comme si le verre avait résisté à un coup extrêmement violent, et comme si le bruit n’avait pas été celui du coup donné mais celui de la résistance du verre à ce coup. Un grincement ? Et l’image a surgi immédiatement à nouveau comme une photographie.
L’amnésie des derniers jours n’est pas tout à fait un récit ordinaire. C’est ce que Éric Marty appelle une «photofiction». Non pas un récit illustré par les très belles photographies de Jean-Jacques Gonzales qui ponctuent chaque chapitre, mais un récit qu’on pourrait dire animé par ces images.
Un homme, qui dans la vie est un jeune acteur genevois, se retrouve mystérieusement dans une villa près de Rome. À la suite, semble-t-il, d’un accident de voiture, Il a perdu la mémoire immédiate des jours qui viennent de s’écouler. Légèrement blessé aux yeux, il est momentanément privé du sens de la vue.
C’est précisément grâce au surgissement d’instantanés photographiques à la surface de son monde intérieur, qu’il va tenter de reconstituer son passé immédiat, et qu’un récit va donc naître des images, et avec ces images.
Plusieurs univers alors s’entrecroisent ou se superposent au travers de la matière photographique inspirant toujours plus d’hypothèses sur ce qui a conduit Paul Roissy dans cette maison romaine, gardé et soigné par une sorte de nourrice bienveillante nommée Marta. Deux mémoires au moins entrent en jeu, la mémoire spontanée et très puissante des faits et gestes de Paul précédant «l’accident», et puis les souvenirs fabriqués auxquels incite l’amnésie, l’amnésie des derniers jours. D’un côté donc cette vie d’acteur à Genève qui associe sa compagne, Heidi, avec qui il ne s’entend plus, le metteur en scène un peu fou, Wozsniak qui a développé une emprise ambiguë sur lui, Helena, elle aussi actrice et qui est sa maîtresse, de l’autre une mémoire qui improvise, qui reconstitue la scène obsédante d’un accident de voiture sur une petite route de campagne aux abords de Rome, qui serait la clef de la situation énigmatique du héros.
La «photofiction» permet peu à peu d’effacer la frontière entre ces deux mémoires, et de leur conférer un degré à peu près similaire d’irréalité comme de vraisemblance. Le pathétique du récit imprègne ainsi chaque moment où Paul semble convaincu de détenir un peu de sa réalité, de sa vie, de son passé, comme il imprègne réciproquement les moments de désarroi, de doute, que l’émotion de se souvenir ne parvient pas tout à fait à rendre crédibles.
La poésie qui habite cette étrange odyssée, qui est comme un voyage immobile, accompagne ainsi un récit constitué de scènes auxquels l’effort de mémoire confère une vie d’autant plus intense qu’elle est peut-être totalement imaginaire : disputes conjugales, répétitions théâtrales, adultère… La photographie alors se révèle comme cet espace ambigu où le regard cherche sans cesse le monde réel qui semble y être représenté et où il découvre dans ce qui se donne comme visible, le semblant dont toute vie est faite.
L’Amnésie des derniers jours est, après L’Invasion du désert, la seconde collaboration entre Éric Marty et Jean-Jacques Gonzales.
Éric Marty est écrivain et essayiste. Il a publié plusieurs romans, dont Le Cœur de la jeune Chinoise (2013) ou La Fille (2015). Son dernier essai est Le Sexe des Modernes, Pensée du Neutre et théorie du genre (2021), au Seuil, et son dernier livre est un recueil de poèmes entendu / dire publié aux éditions Furor en 2023.
Jean-Jacques Gonzales est photographe, écrivain, éditeur. Son travail photographique, essentiellement en noir et blanc, s’articule autour des questions ouvertes par les primitifs de la photographie : trace, mémoire, présence, espace. Une monographie lui a été consacrée aux éditions de L’Atelier contemporain, Le travail photographique de Jean-Jacques Gonzales (2020) et plus récemment, il a également publié chez le même éditeur Conversation tardive (2022) où il mêle textes et images.
L’amnésie des derniers jours n’est pas tout à fait un récit ordinaire. C’est ce que Éric Marty appelle une «photofiction». Non pas un récit illustré par les très belles photographies de Jean-Jacques Gonzales qui ponctuent chaque chapitre, mais un récit qu’on pourrait dire animé par ces images.
Un homme, qui dans la vie est un jeune acteur genevois, se retrouve mystérieusement dans une villa près de Rome. À la suite, semble-t-il, d’un accident de voiture, Il a perdu la mémoire immédiate des jours qui viennent de s’écouler. Légèrement blessé aux yeux, il est momentanément privé du sens de la vue.
C’est précisément grâce au surgissement d’instantanés photographiques à la surface de son monde intérieur, qu’il va tenter de reconstituer son passé immédiat, et qu’un récit va donc naître des images, et avec ces images.
Plusieurs univers alors s’entrecroisent ou se superposent au travers de la matière photographique inspirant toujours plus d’hypothèses sur ce qui a conduit Paul Roissy dans cette maison romaine, gardé et soigné par une sorte de nourrice bienveillante nommée Marta. Deux mémoires au moins entrent en jeu, la mémoire spontanée et très puissante des faits et gestes de Paul précédant «l’accident», et puis les souvenirs fabriqués auxquels incite l’amnésie, l’amnésie des derniers jours. D’un côté donc cette vie d’acteur à Genève qui associe sa compagne, Heidi, avec qui il ne s’entend plus, le metteur en scène un peu fou, Wozsniak qui a développé une emprise ambiguë sur lui, Helena, elle aussi actrice et qui est sa maîtresse, de l’autre une mémoire qui improvise, qui reconstitue la scène obsédante d’un accident de voiture sur une petite route de campagne aux abords de Rome, qui serait la clef de la situation énigmatique du héros.
La «photofiction» permet peu à peu d’effacer la frontière entre ces deux mémoires, et de leur conférer un degré à peu près similaire d’irréalité comme de vraisemblance. Le pathétique du récit imprègne ainsi chaque moment où Paul semble convaincu de détenir un peu de sa réalité, de sa vie, de son passé, comme il imprègne réciproquement les moments de désarroi, de doute, que l’émotion de se souvenir ne parvient pas tout à fait à rendre crédibles.
La poésie qui habite cette étrange odyssée, qui est comme un voyage immobile, accompagne ainsi un récit constitué de scènes auxquels l’effort de mémoire confère une vie d’autant plus intense qu’elle est peut-être totalement imaginaire : disputes conjugales, répétitions théâtrales, adultère… La photographie alors se révèle comme cet espace ambigu où le regard cherche sans cesse le monde réel qui semble y être représenté et où il découvre dans ce qui se donne comme visible, le semblant dont toute vie est faite.
L’Amnésie des derniers jours est, après L’Invasion du désert, la seconde collaboration entre Éric Marty et Jean-Jacques Gonzales.
Éric Marty est écrivain et essayiste. Il a publié plusieurs romans, dont Le Cœur de la jeune Chinoise (2013) ou La Fille (2015). Son dernier essai est Le Sexe des Modernes, Pensée du Neutre et théorie du genre (2021), au Seuil, et son dernier livre est un recueil de poèmes entendu / dire publié aux éditions Furor en 2023.
Jean-Jacques Gonzales est photographe, écrivain, éditeur. Son travail photographique, essentiellement en noir et blanc, s’articule autour des questions ouvertes par les primitifs de la photographie : trace, mémoire, présence, espace. Une monographie lui a été consacrée aux éditions de L’Atelier contemporain, Le travail photographique de Jean-Jacques Gonzales (2020) et plus récemment, il a également publié chez le même éditeur Conversation tardive (2022) où il mêle textes et images.
S'identifier pour envoyer des commentaires.