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La méfiance du gibier
EAN13
9782379413186
Éditeur
L'Arbre vengeur
Date de publication
Collection
L'ARBRE VENGEUR
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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La méfiance du gibier

L'Arbre vengeur

L'Arbre Vengeur

Indisponible

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La méfiance du gibier, pourquoi ? La méfiance n’est pas une histoire
imaginaire. La méfiance est une aventure. Les événements décrits dans La
méfiance ont été vécus par l’auteur il y a plus de vingt ans sans que l’on
puisse en vérifier la véracité absolue. La méfiance n’est pas un vilain
défaut. Avant d’écrire La méfiance, l’auteur a tenté d’écrire des romans
faulknériens, et avant d’écrire des romans faulknériens, il a essayé d’écrire
des romans beckettiens, et avant cela, des romans céliniens. Cela devrait un
peu se voir dans La méfiance, ce goût pour le style. Ce que La méfiance doit
aux années d’acharnement de l’auteur à vouloir écrire de grands romans
stylisés modernes et novateurs c’est l’absence totale d’intrigue comme
squelette du récit. Les mois qui passent suffisent. Dans La méfiance le
narrateur évolue, il change. Par exemple à la fin de La méfiance il se sent
héroïque et chevaleresque. Entre le début et la fin de La méfiance, il y a un
passage progressif de l’insignifiance du personnage principal, candide, vers
l’héroïsme de ce dernier. L’ironie et l’héroïsme sont des tonalités de La
méfiance. La méfiance est un gain. On gagne à être méfiant. Quand il écrit La
méfiance, l’auteur arrive au bout d’un processus créatif qui l’a mené de la
poésie (c’est par là que la littérature s’est montrée à lui) aux grands romans
novateurs précédemment évoqués, en passant à nouveau par la poésie (une autre
poésie, documentaire, objectiviste) pour aboutir à cette forme indéterminée
mêlant portraits, fragments de prose poétique, notes, réflexions plus
générales, parfois politiques, qu’emprunte son texte. La méfiance acte
l’incapacité de l’auteur à bâtir des architectures romanesques robustes en
même temps qu’elle lui a proposé une forme dans laquelle, affranchi des
contraintes du roman, il s’est senti plus en phase avec ce qu’il avait à dire.
Pour autant La méfiance n’est pas un livre de développement personnel. La
méfiance est un texte hybride, comme les voitures hybrides, les formations
hybrides, les virus hybrides, un texte dans le vent, formellement à la mode,
qui a envie de dire des choses. La méfiance ne veut pas tourner autour du pot.
La pyramide du Louvre est le cadre de La méfiance, mais c’est moins un cadre
romanesque que documentaire. La méfiance est une histoire pyramidale avec une
multitude de personnages invisibles. Dans La méfiance les personnages ne se
voient pas ou bien seulement s’ils appartiennent au même groupe social. Le
narrateur de La méfiance sait ce que veut dire être invisible à l’autre, et en
même temps il s’est toujours méfié de cette tendance des écrivains à vouloir
se faire passer pour un autre, à usurper l’existence d’un autre, à jouer un
jeu qui ne serait pas le leur. Le narrateur de La méfiance n’a pas souffert
d’écrasement comme d’autres qui travaillaient avec lui en ont souffert. Avec
La méfiance, on lit un texte ancré dans une époque où le mépris de classe
reprend du poil de la bête. Sans le savoir le narrateur de La méfiance était
armé contre cette dépersonnalisation et ce mépris. Ecrire La méfiance lui a
appris cela. Grâce à la littérature, il se faisait à la fois plus ouvert à
l’expérience qu’il vivait et se blindait contre les coups qu’il voyait venir
de loin. La méfiance est un acte de foi dans la littérature. La méfiance met
les pieds dans le plat puisqu’elle a cessé de tourner autour du pot. La
méfiance raconte l’ennui et le silence. La méfiance raconte comment des types
énormes et puissants s’effondrent sur place à force d’ennui. La méfiance
n’épargne personne. Sous la pyramide elle essore et met à l’épreuve les plus
robustes, les plus insolents, les plus aguerris des agents pour les renvoyer
chez eux un peu plus brisés, un peu plus défaits, un peu plus égarés à eux-
mêmes. La méfiance raconte comment un groupe d’étudiants s’est mis en tête de
retourner l’ennui contre ceux qui les y contraignaient. La méfiance raconte
une expérience qui se voulait collective mais n’a finalement concerné qu’une
poignée d’individus nourris de culture. La fin de La méfiance est triste à cet
égard. Même si l’on aimerait croire que la méfiance pourrait avoir changé de
camp, le sauvetage n’a réellement concerné qu’une part infime du gibier. On
aimerait raconter des tas d'anecdotes sur le dénommé Stéphane Guyon mais le
monsieur reste très discret sur lui-même, convaincu que ce qu'il est ne compte
pas vraiment. il ne sera donc pas utile d'aller le chercher sur les réseaux
sociaux. Il n'est même pas certain que ses collègues, dans le collège où il
officie, soient au courant de son parcours de romancier malgré deux livres
parus à La Différence qui n'est, il faut l'avouer, pas nécessairement la
maison d'édition la plus effervescente qu'on ait connue (et pourtant quel beau
catalogue, dont on regrette la disparition). Stéphane Guyon est né de passage
à Niort en 1979. Fils d’une mère sculptrice qui déménage souvent, il ne reste
guère dans son Poitou natal et passe son enfance entre Paris, les Alpes et La
Rochelle. Envisageant un temps de préparer le concours d’entrée à l’ENSBA, il
étudiera finalement la littérature tout en multipliant expériences
professionnelles et syndicales, avant de publier La fausse (2004) et Ici
meurent les loups (2013) aux éditions de la Différence.Installé aujourd’hui en
Haute-Savoie où il enseigne le français auprès de collégiens, il s’adonne à la
photographie et se réjouit à la lecture de textes souvent brefs, à la lisière
de la poésie contemporaine, comme en écrivent Nathalie Quintane, Hélène
Bessette, Laura Vazquez ou Valérie Mréjen.On ne s’étonnerait pas, si l’on
devait lui faire les poches, d’y trouver d’un côté La grande vie de Jean-
Pierre Martinet, de l’autre des pierres à sucer.
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