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Les Vilaines

Camila Sosa Villada

Anne-Marie Métailié

  • Conseillé par (Libraire)
    24 février 2021

    Nous sommes à Córdoba, en Argentine.
    Une poignée d’orphelines se rêve famille uniquement composée de sœurs et partage les trottoirs, résistant ensemble, perchées sur leurs aiguilles ou leurs plateformes, aux vents mauvais.
    Cet archipel de solitudes fait communauté et cette communauté hurle: être trans est une fête!
    Entre deux clients, au cœur du parc Sarmiento, Tante Encarna, redoutable et truculente reine aux seins gorgés d’huile de moteur, trouve une nuit un bébé abandonné: ô bienheureux enfant qui, dans son malheur, ne pouvait trouver meilleures fées-marraines!
    Aucun misérabilisme ni voyeurisme dans ce formidable premier roman: C’est un conte de survie furieuse et d’infinie tendresse.
    Être trans est une fête mais c’est aussi une malédiction: l’humour et le rire de ces divas-sans-sommeil en quête assoiffée d’Amour côtoient ce que la haine et la peur de l’Autre ont de plus odieux. La métamorphose de l’une d’elles en oiseau se fait alors écho de la trajectoire de Camila, le personnage principal, battant continuellement des ailes pour ne pas tomber et cherchant désespérément où se (re)poser enfin.
    De leurs larmes éternelles comme la neige, elles créent tantôt des bijoux, tantôt des lames de rasoirs et « celles de nous qui restent brodent des paillettes sur nos linceuls ».
    Superbe!
    E.


  • Conseillé par
    10 février 2021

    Chats de gouttières sur talons aiguilles

    Ce premier roman de Camila Sosa Villada, actrice et chanteuse transgenre, en partie autobiographique, raconte sa vie à Córdoba, étudiante le jour, prostituée la nuit. Elle côtoie une communauté de femmes transgenres rejetées pour leur différence par leur famille et la société ; fragilisées par la violence, les arrestations, les viols, la drogue et le sida ; mais protégées par Tante Encarna, sorte de madone immortelle « aux seins gonflés à l’huile de moteur ».
    La solidarité qui les unit comme une fraternité, les aide à surmonter les sacrifices nécessaires à leur salut et à rêver d’une vie paisible et d’un véritable amour.

    Camila nous raconte sans fard ces femmes incroyables ; outragées, victimes d’un milieu hostile, qui battent le pavé de leurs talons aiguilles pour survivre ; tantôt splendides poupées de silicone, tantôt chiennes guerrières.
    L’écriture, tantôt incisive, tantôt poétique, plutôt bienveillante, transporte l’émotion.

    « Ce que la nature ne te donne pas, l’enfer te le prête ».