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Fracture

Eliza Griswold

Globe

  • Conseillé par (Libraire)
    8 décembre 2020

    Il y a Une Terre promise, de Barack Obama. Et puis, il y a Fracture, d'Eliza Griswold, aux Éditions Globe, où se déploie une autre histoire des Etats-Unis.
    La Terre promise, ici, c'est une ferme familiale, dans les Appalaches. Stacey, infirmière divorcée, se démène pour que ses deux enfants grandissent dans un joli cadre, entourés d'animaux. Nous sommes en 2008, et l'espoir grandit en Pennsylvanie, jadis capitale de l'acier : les sous-sols regorgent de gaz, et la fracturation hydraulique, ou fracking, promet de meilleurs lendemains à cette région sinistrée. Séduite par cet horizon, et soucieuse de l'indépendance énergétique de son pays, Stacey, tout comme les voisins, signe un bail avec Range Resources, leader sur le marché.
    Quelques mois plus tard, Stacey et ses enfants, tout comme les voisins, tombent malades. Des analyses révèlent que l'eau et l'air sont contaminés. C'est le début d'un long combat, entre des familles qui ont tout perdu et une entreprise toute-puissante, étroitement liée aux structures publiques de l'environnement.
    Cadencé comme un polar, avec ce qu'il faut de suspense, d'avocats, de morts et de mystères, Fracture n'est pourtant pas un roman : il s'agit d'une histoire bien réelle, livrée avec minutie par Eliza Griswold, au terme d'une enquête de sept ans. Un travail édifiant sur les ressources et les communs, qui se lit d'une traite.


  • Conseillé par
    29 septembre 2020

    essai

    Une enquête racontée comme un roman ayant pour personnages principaux la famille Haney (Stacey, son fils Hatley et sa fille Paige).

    J’ai aimé Stacey, mère célibataire qui se bat chaque jour pour joindre les deux bouts entre son travail à l’hôpital, son fils malade, et ses animaux qui meurent les uns après les autres.

    Pas facile de quitter sa maison, même si celle-ci est empoisonnée, pour aller vivre dans une caravane dont les parois gèlent en hiver.

    J’ai aimé Kendra Smith, l’avocate des plaignants, qui ne lâche jamais l’affaire, aidée de son mari, quitte à mettre leur cabinet en danger.

    Je n’ai pas compris Beth Voynes, la voisine la plus proche du site, qui, malgré ses éruptions cutanées et sa difficulté grandissante à respirer ne part pas. Même son médecin lui conseille de se tenir éloignée le plus possible de sa maison dans la journée.

    Bien sûr, il est question dans cet ouvrage des ravages de l’exploitation du gaz de schiste : la pollution de l’eau potable (les habitants sont obligés de faire venir des buffles d’eau potable devant leur maison), la pollution de l’air, les maladies entraînés par l’utilisation de substances chimiques hautement nocives.

    L’auteure démontre, faits et preuves à l’appui, que l’agence gouvernementale chargée de suivre le bon déroulé de l’exploitation est de mèche avec la compagnie Range ; que les résultats des analyses sont modifiés par la compagnie Range.

    Compagnie Range qui n’hésite pas, chaque année, à se rendre à la foire et acheter les meilleurs bêtes des fermiers alentours. Belle opération de communication.

    Bien sûr, il y a les incontournables passages sur les joutes judiciaires, mais que j’ai facilement lu en diagonale.

    L’auteure montre, si on en doutait encore, que l’argent est roi, car même la lettre de Stacey à Obama l’alertant sur les périls que courent sa famille ne suscite aucune réponse.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des buffles d’eau potables devant les maisons. Stacey avait connu la même chose étant enfant, et s’était jurée de toujours avoir de l’eau potable à disposition.

    https://alexmotamots.fr/fracture-eliza-griswold/